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20 – Du lavoir à la fontaine

Naguère, les femmes allaient chercher l’eau à la fontaine. Elles lavaient le linge à la rivière et plus tard au lavoir. De véritables corvées auxquelles elles ne pouvaient échapper !

En effet. Les femmes n’avaient pas le choix. Elles exécutaient toutes les rudes tâches ménagères et les temps ont heureusement changé, même si ça a été bien long. Mais ces corvées cachaient aussi quelques avantages.

En ce qui concerne le lavoir, on l’ignore peut-être, mais il s’agit d’une invention relativement récente. Autrefois, on lavait le linge au bord des ruisseaux ou dans les fontaines. Mais au XIXe siècle, afin de limiter la propagation des épidémies, la pratique est interdite.

En même temps, il est décidé la création de lieux spécifiques pour cette activité si nécessaire. Et sous Napoléon III, apparaissent les lavoirs municipaux. Très vite, dans chaque quartier ou village, les citoyennes exigent d’avoir le leur. Les installations se perfectionnent, avec des toits pour protéger des intempéries, des bassins surélevés pour ménager les dos des lavandières, parfois une cheminée pour procurer un peu de chaleur l’hiver et même un double bassin, un pour le lavage et l’autre pour le rinçage.

En quelques années, les lavoirs permettent d’améliorer l’hygiène individuelle et de proposer un lieu important de socialisation. En quelque sorte, le lavoir devient pour les femmes l’équivalent du café pour les hommes. On y est entre soi et les langues se délient. Pour preuve, cet extrait de la ronde des lavandières :

« Pour que le linge vienne blanc, nous le frottons de cent manières, les langues s’en vont tambour battant, pan pan pan pan, pan pan pan pan »

Mais les femmes qui passent des heures au lavoir n’en ont pas fini avec le travail. Ce sont elles qui vont à la fontaine chercher de l’eau. Une tâche toujours renouvelée et pénible, surtout pour celles qui habitent en étage. Mais il existe toutefois des circonstances qui rendent la corvée moins désagréable.

Bloc-lavoir

Avec le lavoir et l’attente chez les commerçants, la fontaine tient une bonne place en termes de lien social. Chaque voyage est l’occasion de rapporter une provision d’informations que l’on s’empresse de colporter. Et par les beaux soirs d’été, les filles ne se font plus prier « per ana querre d’aigo » (pour aller chercher de l’eau). C’est en effet à la fontaine que l’on rencontre les jeunes gens qui, en cette occasion, vont généreusement jusqu’à offrir de porter la cruche.

Tout un folklore galant baigne le rite de la fontaine. Perdre sa virginité se disait d’ailleurs autrefois : « roumpre la gerlo ». Autrement dit, casser la cruche.